Réactions syndicales aux évaluations CM2
Réaction du SNUipp
Le ministère vient de publier les résultats des évaluations CM2 passées en janvier malgré les multiples contestations et interrogations suscitées par le dispositif.
Pour la première fois depuis la nomination de Xavier Darcos, le ministère de l'Education nationale fait mine de découvrir qu'une large majorité d'élèves obtient de bons résultats à l'école. Il s'agit d'un fait suffisamment rare pour être souligné. Est-ce l'effet des évaluations ou des actions des personnels et des parents ?
Alors qu'un grand nombre d'enseignants ont suivi les consignes syndicales de ne faire passer aux élèves que les exercices sur les notions travaillées et de ne faire remonter que les résultats aux exercices réellement réalisés, chacun s'interroge sur la fiabilité de ces évaluations. Quel crédit donner alors aux résultats présentés par le ministère ? Comment ont été codés les exercices non passés par les élèves ? Quelle fiabilité accorder à une évaluation aussi mal ficelée ?
Quelle peut être la valeur d'une mesure des acquisitions des élèves en cours d'année, alors même que la totalité des notions n'avaient pas encore été abordées ?
Que penser de la conception d'une évaluation, censée servir d'outil aux enseignants pour le repérage des difficultés, alors que le mode de correction « juste ou faux » ne permet aucune appréciation intermédiaire du niveau d'acquisition ?
Les résultats seraient moins bons en mathématiques qu'en français : est-ce le résultat de programmes inadaptés en mathématiques ou d'exercices d'un niveau de difficultés trop élevé à cette période de l'année ?
Les résultats nationaux de cette évaluation manquent de fiabilité en raison de multiples faiblesses méthodologiques et de leur manque de précisions.
Le SNUipp rappelle que les enseignants ont besoin d'outils fiables et non de coups médiatiques pour aider au quotidien tous les élèves à réussir et pouvoir informer les familles des progrès de leurs enfants. Pour cela une remise à plat du dispositif des évaluations nationales est plus que jamais indispensable.
Paris, le 02 avril 2009
Réaction de SUD EDUCATION
Les résultats des évaluations nationales de CM 2 viennent d'être rendus publics.
Nous savons de quelle manière elles ont été imposées aux écoles :
· Evaluation des nouveaux programmes 2008, mis en place depuis la rentrés scolaire (programmes largement contestés tant sur leur côté rétrograde que mécanique et contraire aux travaux des spécialistes de l'éducation), donc pas encore assimilés ;
· En janvier, alors que l'évaluation portait sur le programme de l'année complète ;
· Pressions sur les collègues pour les faire passer, malgré les nombreuses interrogations suscitées et l'opacité de leur mise en place ;
· Annonce d'une prime de 400 euros pour les collègues qui les feraient passer (annonce non suivie d'effet !). Pourquoi « acheter » ainsi les collègues pour quelque chose qui ne devrait relever que de leur travail ? Pour cacher quoi ?
Nous savons que de nombreux collègues ont refusé de faire passer ces évaluations, pour les raisons évoquées plus haut, ou qu'ils ne voulaient pas faire remonter les résultats, afin qu'ils ne soient pas rendus publics, de façon à ne stigmatiser ni les enfants, ni les écoles, ni les enseignants. Ces collègues dénoncent aussi le danger de fichage des résultats des enfants, donc des enfants eux-mêmes, via le fichier « base élèves », la clé otp (pour remonter les résultats), l'Identifiant National Elève, véritable numéro d'immatriculation que chaque enfant qui rentre dans le système éducatif se verra attribuer pour 35 années (à moyen terme, 12 millions d'enfants !).
L'administration n'a pas hésité à envoyer les Inspecteurs dans les écoles afin que les résultats remontent au niveau de l'académie. Une pression sans précédent s'est exercée sur les collègues et beaucoup ont cédé devant les menaces de sanctions. Pour autant, des collègues ont résisté : de nombreux résultats ne sont pas remontés (20 %, selon Jean Louis Nembrini, directeur général de l'enseignement scolaire).
De plus, deux syndicats d'inspecteurs ont dénoncé des pratiques totalement condamnables de fraudes et de gonflement des résultats. Comme si l'important était de valider le dispositif coûte que coûte, au détriment de la déontologie et de l'intérêt des élèves de France.
Monsieur Nembrini se satisfait du nombre des élèves évalués : 553 263, sur 700 000. Veut-il dire que 146 737 enfants ne représentent rien ?
Le même Monsieur Nembrini dit que « notre école fait réussir beaucoup d'élèves ». Faut-il rappeler à ce Monsieur que les élèves dont il est question ont grandi aux programmes 2002, dont tout le monde s'accordait à dire qu'ils étaient assez bien faits ? Ou alors veut-il dire qu'il ne suffit que de 4 mois pour assimiler les nouveaux programmes de 2008 ?
Nous maintenons notre refus des nouveaux programmes et de ses évaluations qui, nous le disons depuis leur mise en place, n'ont qu'un but : mettre les écoles en concurrence et stigmatiser les enfants des classes populaires. La méthode « Coué » de l'administration va se déverser partout, de façon à faire intégrer l'idée que la politique du Ministère est la bonne ! Plus que jamais, la résistance est nécessaire, d'autant que les évaluations CE1 arrivent à grandes enjambées ! Un appel très clair, intersyndical, de boycott de ses évaluations est indispensable pour mettre en échec cette politique de casse du service public d'éducation. Sud Education agira en ce sens.
Saint-Denis, le 4 avril 2009