M. le ministre, 380 000 Professeurs des Ecoles souhaitent aussi réussir la REFONDATION de l'école. Ne la faites pas sans eux !
Réseau des enseignants du primaire en résistance
www.resistancepedagogique.org
Un énorme malentendu est en train de s'installer entre les 380 000 professeurs des écoles de ce pays, vous, Monsieur le ministre, et l'ensemble de la société. Il n'est pas trop tard pour inverser une tendance inquiétante pour tous.
Après avoir subi 5 ans de ravages dans nos classes durant les ministères Darcos et Chatel, nous voulons être très clairs : il est prioritaire pour chaque enseignant du primaire de ce pays de réussir une vraie REFONDATION de l'école. C'est autant notre souhait que le vôtre.
Pour cela, nous avons besoin de repartir sur des bases saines et acceptables finalement assez simples car nous ne demandons rien d'autre que travailler nous aussi à cette REFONDATION en mettant l'intérêt supérieur de l’enfant au cœur de nos préoccupations.
Pour retrouver la confiance et la sérénité nécessaires à un tel projet, nous vous demandons, Monsieur le ministre, de mobiliser d'urgence les marges de manœuvre disponibles en décidant immédiatement :
1 – le gel des heures dites d' « Aide Personnalisée » ainsi que de toutes les heures d' « Animations pédagogiques » afin de donner, sur ces heures, du temps de travail et de réflexion à tous les enseignants et à toutes les équipes scolaires autour de cette REFONDATION.
2 – la suspension immédiate de toutes les inspections menées par les « IEN » (Inspecteurs de l'Education Nationale) afin d'utiliser les heures récupérées jusqu'en juillet prochain pour mobiliser pleinement ces inspecteurs dans leur rôle d'accompagnement positif des enseignants autour de la réussite de la REFONDATION.
3 – l'annonce dès maintenant de la suspension des programmes de 2008 pour la rentrée 2013 et la possibilité de se baser à nouveau sur les programmes de 2002 unanimement jugés plus intelligents que les programmes sans ambition, démagogiques et inefficaces qui nous ont été imposés brutalement et sans concertation par le précédent gouvernement (en attendant de nouveaux programmes).
4 – que ces travaux pour la refondation menés par les enseignants et les IEN dès maintenant et jusqu'à la rentrée 2013-14, servent de base à l’organisation d'Etats Généraux de l'Ecole associant largement enseignants, partenaires de l'école et représentants de la société. Ces Etats Généraux pourraient se tenir avant la fin de l'année civile 2013 de manière à ce que l'essentiel des réformes souhaitées puissent être pleinement acceptées, partagées, comprises et mises en place sur le terrain par les 380 000 professeurs des écoles de ce pays dès la rentrée 2014-15, avec la nouvelle loi sur l'Education.
M. le ministre, vous devez considérer les Professeurs des Ecoles de ce pays. En collaboration avec vos cadres, nous avons besoin que vous reconnaissiez notre professionnalisme et notre capacité d'expertise. Poursuivre avec la méthode actuelle ne peut que décourager un peu plus au lieu de mobiliser : nous nous sentons méprisés car ignorés ! Le personnel de terrain est usé par les abus de vos prédécesseurs : le danger du repli, du renforcement des conservatismes est présent, vous le savez bien. Rien ne serait pire que de s'enfermer dans ce jeu de dupes.
Les 4 pistes ci-dessus, et en particulier la tenue d'Etats Généraux de l'Ecole sont indispensables pour le retour de la confiance. Nous constatons avec colère que ceux-là même qui ont appliqué avec zèle les contre-réformes des ministères Chatel et Darcos et qui ont sinistré l'école, veulent aujourd'hui nous faire la leçon pour accepter sans discussion une REFONDATION très mal engagée car initiée sans les 380 000 professeurs des écoles de ce pays qui n'aspirent pourtant qu'à œuvrer réellement pour cela. Si on leur donne la possibilité et le temps de se l'approprier.
Il n'est pas encore trop tard pour réussir ensemble cette réconciliation : ni vous, ni nous, n'avons le choix ni le droit de gâcher cette occasion enfin réalisable. Sans confondre vitesse et précipitation, il s'agit de donner à cette REFONDATION les moyens qu'elle mérite pour voir rapidement, en profondeur, des effets positifs et durables sur le terrain.
Le 13 mars 2013