Lettre de l'école Marcel Pagnol de Châteauneuf sur Sarthe (49)
Aubry Laure, Bidault Anne, Fromentin Alexandra,
Gerland Gaëlle, Jacquemin Catherine, Latour Virginie,
Mazuel Sandrine,
enseignantes de l'école maternelle Marcel Pagnol
49330 Châteauneuf sur Sarthe
Le 18/12/08
s/c de Monsieur l'Inspecteur de l'Education Nationale d'Angers 6
Nous sommes très inquiètes des différentes mesures prises ces derniers temps, à la fois sans concertation et dans une grande précipitation, pour l'école primaire.
Le démantèlement des fondements de l'école de la République est un processus que nous ne pouvons accepter sans réagir. L'objet de cette lettre est de vous informer que nous ne participerons pas à ce démantèlement.
C'est pourquoi, en toute responsabilité :
- nous n'avons pas instauré l'aide personnalisée. Nous refusons de la mettre en œuvre en dehors du temps scolaire commun à tous les élèves. Avant la suppression –non concertée- du samedi matin, cette aide personnalisée existait déjà au sein de notre école. Nous craignons que ce dispositif ne soit qu'un prétexte pour aller vers une suppression importante des enseignants spécialisés exerçant dans les RASED. L'aide personnalisée doit se faire sur un temps identique pour tous les élèves et non pas sur un temps qui allonge la journée des enfants les plus fragiles. C'est un non respect du rythme de ces enfants.
- Ces 60 heures sont et seront consacrées à des concertations entre collègues et avec les membres du RASED pour aider au mieux nos élèves. Elles nous permettront de rencontrer les parents, de construire des projets d'équipe, des outils pour l'aide personnalisée en classe afin de tout mettre en œuvre pour la réussite de chacun.
- Nous refusons de nous porter volontaires pour les stages de remise à niveau pendant les vacances et nous soutenons les enseignants qui ne « déclarent » aucun élève pour ces stages.
Pour ces différentes raisons, nous souhaitons que s'ouvre une vraie réflexion sur l'aménagement des rythmes scolaires et ce dans un souci réel de réduire le taux d'échec d'un trop grand nombre d'élèves et non dans une logique comptable.
En toute responsabilité :
- nous continuons à travailler en conformité avec les programmes de 2002 revus en 2007, résultats d'études, de réflexion et de concertation entres différents acteurs de l'école. Ces programmes répondant à bon nombre de nos questionnements, nous nous sommes profondément investis dans leur application et sommes en total désaccord avec le fait qu'ils soient en grande partie vidés de leur sens sans avoir été évalués.
- D'autre part, nous avons été profondément choquées d'apprendre qu'une prime sera versée aux enseignants effectuant les évaluations nationales de CE1 et de CM2. L'introduction de cette prime sélective est une insulte à l'engagement de chaque enseignant et peut s'avérer dangereusement contre-productive pour le travail d'équipe, l'engagement collectif et coopératif des enseignants dans le traitement de la difficulté scolaire. Nous dénonçons et refusons la logique d'un paiement à l'acte, incompatible avec l'esprit de l'école de la République.
Nous sommes conscientes que l'école peut et doit toujours progresser. Ces progrès doivent être réalisés principalement en classe. Pour cela, encore faudrait-il améliorer la formation initiale et la formation continue ; or l'une comme l'autre, gravement menacées, deviennent moribondes.
Profondément attachées à la qualité du service public de l'Education Nationale, nous vous prions d'agréer, Madame l'Inspectrice d'Académie, nos sentiments respectueux et de croire en notre sincère dévouement à la cause des enfants et de l'Ecole Publique.