Lettre d'un professeur d'Anglais de Montélimar à son Recteur
David Connaughton,
Professeur d'anglais,
Délégué SUD-éducation,
Cité technique, les Catalins,
Avenue des Catalins,
26200 Montélimar.
A Montélimar, le 6 novembre 2008
M. le Recteur de l'Académie de Grenoble,
Rectorat Académie de Grenoble,
7, place Bir Hikeim,
38000 Grenoble.
Sous couvert de M. le Proviseur de la Cité technique, les Catalins
Objet : Demande d'entretien
Monsieur le Recteur,
Je fais parti des enseignants ayant participé à l'action bulletins scolaires de l'année 2007-2008. Dans une lettre que vous m'avez adressée, et que j'ai reçue le 1 septembre, vous avez jugé que cette action n'avait pas respecté la stricte neutralité à laquelle les enseignants sont tenus vis-à-vis les usagers de l'institution éducative.
Je tiens à vous remercier pour cette lettre, car elle m'a permit de comprendre votre position. En effet, j'ai compris que vous tenez tellement à cœur la neutralité des personnels de l'institution éducative que vous estimez qu'il serait nécessaire de prendre des mesures disciplinaires pour la protéger contre toute nouvelle action de la même nature. Vous avez besoin que cette neutralité soit respectée et vous me l'exigez.
Aujourd'hui, je peux affirmer que je ferai de mon mieux pour respecter votre besoin. Sachez, M. le Recteur, que je me sentais extrêmement inquiet devant les réformes lancées dans l'éducation car elles me semblaient contradictoires dans le sens où elles alliaient d'un côté, l'accompagnement renforcé implicite des enseignants auprès des élèves dans le cadre de la mise en place des modules en cycle de terminal et de l'autre, a) la suppression massive de postes, b) la remise en cause de la carte scolaire et c) le fichage des élèves.
Comme les nombreux collègues qui ont participé avec moi à l'action bulletins scolaires, il me semblait que les réformes allaient dans le sens opposé de mes convictions personnelles en ce qui concerne l'égalité des chances, un concept qui résume à lui seul la raison fondamentale et idéologique de mon choix de travailler dans l'institution éducative. Les enjeux me semblaient tellement importants que les formes d'action syndicale conventionnelle ne suffisaient pas.
Je tiens à vous dire également, que de nombreux parents avec qui j'ai discuté, partageaient et partagent encore les mêmes inquiétudes. Il y en avait qui ne se sentaient d'aucune manière gênés par les commentaires spéciaux et qui se sont exprimés publiquement solidaires de notre action.
Mon raisonnement et mes actions émanent d'un profond respect pour notre République et parallèlement, d'un besoin d'une société juste, en paix et sécurisante. En comprenant que vous ayez qualifié l'action bulletins scolaires comme un « agissement », j'ai éprouvé un sentiment de colère, car j'ai besoin que ma motivation soit comprise dans sa spécificité et dans son intégralité. Auriez-vous l'obligeance, s'il vous plaît, M. le Recteur, de respecter ce besoin en évitant, pour la suite, de qualifier mon action par l'épithète en question ?
Par ailleurs, je suis inquiet devant le retour vers l'inspection traditionnelle dans notre Académie. J'estime qu'il est temps de sortir du système du bâton et de la carotte pour que les personnels de note institution éducative puissent s'épanouir pour inventer de nouveaux outils qui permettront la promotion collective de notre jeunesse.
J'ai besoin de vous rencontrer, si vous le voulez bien, pour clarifier un certain nombre de questions :
- A qui appartient le bulletin scolaire en fin de compte? Peut-il y avoir un compromis par rapport aux commentaires si certains parents sont accord avec l'intention, c'est-à-dire l'expression d'une inquiétude dans un « espace » commun?
- Auriez-vous compris l'étendu de mes inquiétudes ?
- Comment transformer le système des inspections et comment mieux servir le concept de promotion collective ?
La fin du premier trimestre s'approche à grand pas. Les nouveaux bulletins scolaires seront bientôt remplis…
Auriez-vous la bienveillance, s'il vous plaît, M. le Recteur, d'accepter ma demande pour que nous puissions nous voir afin à ce que votre besoin de neutralité et mon besoin de clarification soient respectés ?
En attendant vivement une réponse positive de votre part, je vous prie d'agréer, M. le Recteur, l'expression de mes sentiments distingués.
David Connaughton