Lettre d'un instituteur de Ste Gemme le Robert (53) à son inspecteur
Sapin Jérémi à Sainte Gemme le Robert le 23 février 2009
École : R.P.I. Mézangers – Sainte Gemme le Robert
53600 Sainte Gemme le Robert
Madame, Monsieur l’Inspecteur(trice) de l’Éducation Nationale,
Je vous écris cette lettre car aujourd’hui, en conscience, je ne peux plus laisser faire le démantèlement des fondements de l’Éducation Nationale. Je ne veux ni ne peux mettre en œuvre cette politique destructrice :
- Les « nouveaux » programmes constituent une régression sans précédent. Ils tournent le dos à la pédagogie du projet qui permet aux élèves de s’impliquer dans les savoirs, de donner du sens à ce qu’ils font, de trouver des sources de motivation dans leur travail, et c’est pourquoi je ne peux les mettre en œuvre.
- Aujourd’hui comme hier, en conscience, nous faisons le choix d’une éducation citoyenne au service du mieux vivre ensemble. Je refuse donc de cautionner la logique d’une « instruction civique et morale. »
- La difficulté scolaire ponctuelle se traite dans la classe au moyen de dynamique de coopération, de travail différencié… et non pas en allongeant la journée des enfants. La difficulté lourde est de la compétence des enseignants des RASED. L’Aide Personnalisée et les stages de remise à niveau renvoient la solution en dehors du temps scolaire. Je décide de suspendre l’application de l’aide personnalisée tant que nous n'aurons pas obtenu l'assurance du rétablissement des 3000 postes de RASED.
Dans l'immédiat nous demandons le retour à la semaine de 26 heures obligatoires pour tous les élèves en 9 demi-journées. Ce temps doit intégrer le soutien aux élèves en difficulté dans la classe. On ne peut pas faire l'économie d'une réflexion globale sur l'aménagement quotidien, hebdomadaire et annuel des rythmes de l'enfant.
Je refuse de m’impliquer dans le dispositif des stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires
- Rejetant le fait que les évaluations nationales ont pour but la production de statistiques servant au pilotage d’un système éducatif basé sur la performance, la compétitivité et la mise en concurrence des écoles, je ne vous ferai pas remonter les résultats de nos élèves aux évaluations CE1 et CM2.
Je vous rappelle mone attachement au service public d’Éducation et à l’idée d’une pédagogie active au service des enfants. Je souhaite poursuivre la construction d’une école du respect, de la coopération, de la solidarité et de la réussite pour tous. Je refuse que ma pratique contribue à la déconstruction actuelle de notre système éducatif. Je contestes un dispositif qui privilégiera la marchandisation de l’enseignement et accroîtra les inégalités sociales.
Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur l’Inspecteur(trice) de l’Éducation Nationale, l’assurance de mes salutations déterminées et respectueuses.