Lettre collective des enseignants de l'école Georges Brassens de Gardanne (13)

Personnel enseignant                                

Ecole Georges Brassens                           
13120 Gardanne  

                                                                 Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

                                                                 Directeur des Services  

                                                                 Départementaux de l’Education

                                                                 Nationale du département

                                                                 des Bouches du Rhône

                                                                  s/couvert de

                                                                  Madame l’Inspectrice de l’Education

                                                                  Nationale

                                                                  de la circonscription de Gardanne

 

Objet : évaluations nationales des acquis des élèves de CM2.

                   

Enseignants à l’école Georges Brassens à Gardanne, réunis le 16 janvier 2009 en conseil des maîtres, nous avons pris connaissance des épreuves de « l’évaluation nationale des acquis des élèves de CM2 » en français et en mathématiques conçues par le Ministère de l’éducation nationale.

Jusqu’ici, nous avons toujours fait passer les épreuves des évaluations nationales, même quand elles nous paraissaient très discutables (comme ce fut le cas en septembre 2007 au CM2). Aujourd’hui, nous sommes conduits à affirmer qu’il serait déraisonnable de faire passer aux élèves le nouveau protocole, en tout ou partie.

• En effet, ces épreuves ont été conçues à partir des programmes de 2008, tandis que les élèves de CM2 ont effectué tout leur cursus avec les programmes de 2002.

• Plusieurs exercices portent sur des notions et savoir-faire qui n’ont pas encore été enseignés en janvier, alors même que le ministre affirme le principe de la liberté pédagogique — qui suppose la maîtrise des progressions annuelles.

• Les exigences de nombreux exercices vont au-delà du palier 2 du Socle commun de connaissances et de compétences et relèvent de toute évidence du palier 3.

• Le temps imparti pour réaliser les exercices est souvent insuffisant, même pour des élèves performants.

• Dans la correction et le codage des résultats, pour de nombreux items, si l’enfant a réussi presque toutes les tâches, sa réponse est malgré tout considérée comme fausse (de la même manière qu’une réponse totalement erronée) : ce système interdit donc toute analyse des échecs des élèves, toute évaluation du degré d’acquisition de telle ou telle notion.

Au total, la majorité des élèves sera mise en difficulté dans de nombreux domaines et aucun apport pédagogique ne découlera de cette passation.

Il est demandé en outre aux enseignants de remplir des formulaires numériques pour l’exploitation des données dans le cadre d’un « pilotage du système par les résultats ». Le ministère ayant changé plusieurs fois de discours sur l’utilisation de ces résultats, indiquant tantôt qu’ils resteraient confidentiels, tantôt qu’ils seraient  publiés école par école, ce qui aboutirait à mettre les écoles en concurrence. Nous ne pouvons là encore, que manifester notre inquiétude quant aux conséquences d’un tel dispositif.

Enfin, l’annonce par M. Darcos d’une prime de 400 euros octroyée aux maîtres qui feront passer ces épreuves jette le soupçon sur les objectifs réels poursuivis par le gouvernement, et va à l’encontre du travail d’équipe indispensable pour mener au mieux la réussite de tous les élèves (pour rappel, les années précédentes, la correction et l’analyse des évaluations nationales, étaient réalisées par l’ensemble des maîtres de l’école, sans aucune prime).

Par respect pour nos élèves d’abord, pour leurs parents et pour notre professionnalisme ensuite, nous demandons l’annulation de ce dispositif. Pour notre part, nous ne ferons pas passer ces épreuves, et donc refusons cette prime injuste qui ne pourrait que diviser et isoler les enseignants.

Nous espérons que vous comprendrez cette décision de bon sens. Croyez à notre attachement sans faille au service public d’éducation nationale, de qualité.

Veuillez recevoir, Monsieur l’Inspecteur de l’Académie des Bouches Du Rhône, nos respectueuses salutations.



01/02/2009
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