Lettre collective de désobéissance de l'école maternelle de Roche (38)
Lettre collective de désobéissance de l'école maternelle de Roche (38)
Equipe enseignante
Ecole Maternelle de Roche,
rue des Bersoudières
38090 Roche Mercredi 10 décembre 2008
M. l'Inspecteur d'Académie,
Nous nous décidons à vous écrire aujourd'hui comme d'autres l'ont fait avant nous car l'inquiétude où nous plongent les différentes réformes mises en place depuis quelque temps ne nous paraît pas propice à un travail efficace et serein.
Nous ne sommes que des rouages dans une grande administration, mais des rouages avec un coeur, une tête et une conscience.
Nous devrions mettre toute notre énergie, toutes nos compétences à aider les enfants à progresser le plus loin possible dans le chemin du savoir. Tout ce qui nous détourne de cette tâche nous pèse énormément.
Le travail administratif de plus en plus lourd qui se finalise avec la mise en place de "base élève" priorité des priorités actuelles perturbe le fonctionnement de beaucoup d'équipes et va à terme en détruire beaucoup.
On nous dit que ces évaluations, fichages, documents administratifs à remplir vont nous rendre plus performants mais nous sommes dans la position du malade que l'on veut soigner sans écouter jamais ce qu'il a à dire sur ses symptomes ou ses souffrances.
La suppression des réseaux d'aide a-t-il pour but de tuer le malade ?
Nous sommes en droit, petits rouages anonymes de nous poser la question.
C'est notre devoir de vigilance d'être humain de ne pas appliquer sans réfléchir et sans peser au poids de notre conscience le moindre ordre qui nous est donné.
La crise économique s'agrave et elle va être suivie inévitablement d'une crise sociale. De plus en plus d'enfants vont se retrouver en souffrance.
Face à cette souffrance quelle va être notre priorité, protéger les enfants ou nous protéger d'eux en les repérant, fichant, enfermant, expulsant...?
Notre métier est d'aider et protéger les enfants, le reste (repérage, fichage...)n'est pas notre métier, nous ne souhaitons ni le faire, ni en être complices.
Comptant sur votre compréhension, nous vous prions d'agréer M l'Inspecteur d'académie l'expression de nos sentiments les plus respectueux.
Marie-Anne Chaffanjon
et ses collègues