« Je n’hésiterai pas à désobéir », par Fred Pel
Fred Pel, Maître itinérant en maîtrise de la langue (ZEP)
Rien n'est jamais gagné. C'est une vérité qui ne vaut pas
seulement dans le travail ! D'ailleurs, aucune personne censée
n'a jamais prétendu que les excellents programmes de 2002
allaient rester intacts sous le gouvernement actuel. Nous voici
donc face à la réalité. Il va falloir faire avec.
Certains d'entre nous n'ont pas attendu 2002 pour
instaurer le débat réglé dans leur classe, travailler autour de la
littérature, mettre en place des ateliers d'écriture ou bâtir leur
programmation à partir des difficultés rencontrée par les
élèves. Nous n'avons pas attendu 2002 pour tenter d'équilibrer
au quotidien la fermeté nécessaire au maintien d'une classe et
la bienveillance indispensable à l'égard de chaque individu dont
nous avions la charge.
Ce qui était formidable depuis 2002, c'est que nous étions
en plein accord avec les programmes et que nous n'avions plus,
en principe, à justifier nos choix pédagogiques les plus
significatifs.
De nombreux problèmes déjà existants ne s'amélioreront
certainement pas à partir de 2008. Mais soyons honnêtes, de
même que les textes officiels de 2002 n'ont été que rarement
mis en application, en particulier dans le domaine de la maîtrise
de la langue, la formation initiale et continue ne les a pas non
plus souvent pris en compte. Considérant le nombre de classes
dans lesquelles on ne pratique pas la pédagogie du projet, le
travail par cycle, l'ORL, la littérature, le débat réglé, la
production d'écrits et j'en passe, on peut sans trop se tromper,
affirmer que les programmes à venir ne changeront pas grand
chose sur le terrain. Car cette fois, soyons sans crainte, les
nouvelles instructions, qui n'ont de « nouveau » que le nom
puisqu'elles nous ramènent en arrière, seront à coup sûr
appliquées à la lettre ! Simplement, il nous sera plus difficile de
faire passer certaines notions qui nous semblent fondamentales
et qui seront dorénavant absentes des programmes, alors que
nous pouvions jusque là pleinement et ouvertement les
assumer.
Ce constat étant dressé, inutile de nous lamenter. Nous
n'avons plus qu'à nous préparer à être en désaccord avec notre
institution. Ça ne sera pas la première fois ! Comme avant
2002, nous ne nous contenterons pas de faire ce qu'on nous
demande, nous en ferons plus parce que nous ne pourrons pas
nous résoudre à réduire notre enseignement à sa portion
congrue. Comme avant 2002, nous contournerons les textes
officiels, nous les interpréterons à notre convenance, nous leur
ferons dire ce qu'ils ne disent pas. Nous poursuivrons la tache
que nous avons entreprise, à savoir permettre à nos élèves de
vivre dans leur classe un présent riche et intense dont ils
demeureront le plus possible acteurs, tout en préparant au
mieux et avec eux leur avenir, au sein d'une société dont, nous
en faisons le pari, ils ne seront pas exclus. Aucun texte officiel,
aucun ministre, aucun inspecteur, aucun parent ne pourra nous
empêcher d'agir pour nos élèves et non contre eux. Personne
ne sera en mesure de nous interdire de faire reposer notre
pratique sur la priorité d'une liberté basée sur le respect de soi
et d'autrui, liée à l'intégration d'une culture humaniste et à la
nécessité d'un esprit critique.
A nous autres militants, désormais « dissidents », de
continuer à croire qu'une autre école est encore possible, même
si nous sommes plus ou moins condamnés à basculer dans
l'utopie. Je préfère l'utopie joyeuse et revendiquée à la
résignation triste.
Pour ma part, je n'hésiterai pas une seule seconde, à
partir de la rentrée 2008, et quelque soit le poste que
j'occuperai, à désobéir toutes les fois que je le jugerai utile.
Source : http://www.meirieu.com/FORUM/forumsommaire.htm
Rien n'est jamais gagné. C'est une vérité qui ne vaut pas
seulement dans le travail ! D'ailleurs, aucune personne censée
n'a jamais prétendu que les excellents programmes de 2002
allaient rester intacts sous le gouvernement actuel. Nous voici
donc face à la réalité. Il va falloir faire avec.
Certains d'entre nous n'ont pas attendu 2002 pour
instaurer le débat réglé dans leur classe, travailler autour de la
littérature, mettre en place des ateliers d'écriture ou bâtir leur
programmation à partir des difficultés rencontrée par les
élèves. Nous n'avons pas attendu 2002 pour tenter d'équilibrer
au quotidien la fermeté nécessaire au maintien d'une classe et
la bienveillance indispensable à l'égard de chaque individu dont
nous avions la charge.
Ce qui était formidable depuis 2002, c'est que nous étions
en plein accord avec les programmes et que nous n'avions plus,
en principe, à justifier nos choix pédagogiques les plus
significatifs.
De nombreux problèmes déjà existants ne s'amélioreront
certainement pas à partir de 2008. Mais soyons honnêtes, de
même que les textes officiels de 2002 n'ont été que rarement
mis en application, en particulier dans le domaine de la maîtrise
de la langue, la formation initiale et continue ne les a pas non
plus souvent pris en compte. Considérant le nombre de classes
dans lesquelles on ne pratique pas la pédagogie du projet, le
travail par cycle, l'ORL, la littérature, le débat réglé, la
production d'écrits et j'en passe, on peut sans trop se tromper,
affirmer que les programmes à venir ne changeront pas grand
chose sur le terrain. Car cette fois, soyons sans crainte, les
nouvelles instructions, qui n'ont de « nouveau » que le nom
puisqu'elles nous ramènent en arrière, seront à coup sûr
appliquées à la lettre ! Simplement, il nous sera plus difficile de
faire passer certaines notions qui nous semblent fondamentales
et qui seront dorénavant absentes des programmes, alors que
nous pouvions jusque là pleinement et ouvertement les
assumer.
Ce constat étant dressé, inutile de nous lamenter. Nous
n'avons plus qu'à nous préparer à être en désaccord avec notre
institution. Ça ne sera pas la première fois ! Comme avant
2002, nous ne nous contenterons pas de faire ce qu'on nous
demande, nous en ferons plus parce que nous ne pourrons pas
nous résoudre à réduire notre enseignement à sa portion
congrue. Comme avant 2002, nous contournerons les textes
officiels, nous les interpréterons à notre convenance, nous leur
ferons dire ce qu'ils ne disent pas. Nous poursuivrons la tache
que nous avons entreprise, à savoir permettre à nos élèves de
vivre dans leur classe un présent riche et intense dont ils
demeureront le plus possible acteurs, tout en préparant au
mieux et avec eux leur avenir, au sein d'une société dont, nous
en faisons le pari, ils ne seront pas exclus. Aucun texte officiel,
aucun ministre, aucun inspecteur, aucun parent ne pourra nous
empêcher d'agir pour nos élèves et non contre eux. Personne
ne sera en mesure de nous interdire de faire reposer notre
pratique sur la priorité d'une liberté basée sur le respect de soi
et d'autrui, liée à l'intégration d'une culture humaniste et à la
nécessité d'un esprit critique.
A nous autres militants, désormais « dissidents », de
continuer à croire qu'une autre école est encore possible, même
si nous sommes plus ou moins condamnés à basculer dans
l'utopie. Je préfère l'utopie joyeuse et revendiquée à la
résignation triste.
Pour ma part, je n'hésiterai pas une seule seconde, à
partir de la rentrée 2008, et quelque soit le poste que
j'occuperai, à désobéir toutes les fois que je le jugerai utile.
Source : http://www.meirieu.com/FORUM/forumsommaire.htm