COMMUNIQUE DE L'APPEL DES 200 MAÎTRES CONTRE LES EVALUATIONS NATIONALES
Les résultats des évaluations nationales de CM2 qui ont eu lieu en janvier dernier ont été rendus publics le mardi 30 mars 2010. De la communication qui en a été faite, ressortent plusieurs informations importantes qui donnent une fois encore raison à tous les signataires et soutiens de l'appel contre ces évaluations.
Ainsi a-t-on appris par le Café pédagogique du 2 avril 2010 que « le ministère reconnaît des défauts dans l'évalution CM2 ». Il lui en aura fallu du temps ! En effet, « les exercices proposés étaient beaucoup plus difficiles que l'an dernier » au point que « les services du ministère ont dû procéder à une correction statistique pour assurer une comparabilité des deux évaluations ». Bref, entre des classes qui bachotent et parfois bidouillent et des statisticiens qui bricolent, on se demande bien quel intérêt scientifique peuvent avoir de telles évaluations !
Par ailleurs, dans une interview accordée à l'AEF (31/03/2010), Jean-Michel Blanquer de la DGESCO nous en dit un peu plus. Pour cela, il s'appuie sur des remontées de résultats supérieures à l'an dernier (nous serions passés de 79 à 93 % de retour). Il n'est malheureusement pas fait état des conditions véritables pour obtenir ce chiffre : pressions, menaces, sanctions, versement de primes, et même un enseignant retiré une semaine de sa classe ! Rien n'est dit non plus sur les remontées partielles qui avaient provoqué quelques tripatouillages de chiffres l'an dernier, un syndicat d'inspecteurs (SNPI-FSU) ayant même affirmé (communiqué 12 mars 2009) que « certains inspecteurs académiques se sont laissé aller à des dérives en demandant aux inspecteurs de l'éducation nationale de trafiquer les résultats pour gonfler les taux de remontée.»
Pour le reste, J-M Blanquer juge les résultats stables (acquis solides passés de 75 à 73 % en français et de 65 à 67 % en mathématiques) tout en les trouvant moyens au point d'appeler à la vigilance. Il reconnaît « une difficulté beaucoup plus grande des exercices proposés cette année » ayant bien entraîné une « correction » mais assume le choix du durcissement des exercices pour « pouvoir mesurer l'excellence de certains élèves qui réussissent tous les tests ». Devant la suspicion à l'égard des ces changements et correctifs, il rappelle qu'il «s'agit d'une démarche scientifique ! ». On aimerait avoir le nom d'un seul scientifique acceptant de cautionner ce protocole. Rappelons au contraire que tous les universitaires engagés sur cette question étaient à nos côtés pour signer notre appel ! Comme solution pédagogique, il ne fallait pas s'attendre à une remise en cause des programmes de 2008. Au contraire, , J-M. Blanquer qui constate que « certains automatismes ne sont pas acquis en Cycle 2 » préconise encore « davantage d'exercices de mémoire ». Ça promet !
Restent d'autres points qui demanderont des précisions. Ainsi, devant le peu de moyens pédagogiques offerts en solution aux problèmes constatés, J-M. Blanquer avoue « nous sommes conscients des lacunes en la matière » et promet pour bientôt « de vrais outils susceptibles d'aider les enseignants »... « à appliquer au mieux les nouveaux programmes ». Tout est dans le « au mieux » car pour l'instant c'est surtout au pire !
Enfin, J-M. Blanquer reste sur une position plus constructive telle qu'il l'exprimait déjà en janvier dernier quand il affirmait qu'une « réflexion pourra s'engager à partir des critiques constructives » ou, à propos du calendrier, que « le ministère ne ferme pas la porte dès lors qu'il sera démontré qu'une autre formule est meilleure ». Voilà pourquoi il conclut en affirmant que « maintenant, nous cherchons la meilleure formule, et c'est une question d'arguments. Nous ne demandons qu'à être convaincus de la nécessité de changer la date de passation des évaluations ».
S'il s'agit vraiment d'une « question d'arguments », nous l'invitons à relire nos appels, interviews et communiqués où la place a largement été faite à d'autres propositions : évaluations adaptées à la rentrée, notation plus nuancée que 1 ou 0 et communication aux seuls parents. Avec nos divers soutiens, nous restons à la disposition de ce ministère qui « cherche la meilleure formule » pour en parler, gratuitement, sans même toucher de prime !
Sylvain Grandserre - porte-parole de l'appel des 200 maîtres
6 avril 2010