L'Assemblée départementale de Haute-Garonne exprime son soutien à Alain Refalo
Motion adoptée le mercredi 28 janvier 2009
Solidarité avec Alain REFALO
et plus généralement avec le monde enseignant
L'Assemblée Départementale de Haute-Garonne exprime son soutien à Monsieur Alain Refalo, professeur des écoles à Colomiers.
Sa situation personnelle, et le courage qu'il a manifesté par sa démarche, sont le symptôme d'un moment de paroxysme dans la crise globale que rencontre l'Education Nationale en butte à des politiques de régression mises en place par le Président actuel de la République.
Analysons tout d'abord les retentissements personnels de l'action de M Refalo :
Suite à sa démarche de refus d'appliquer telles que prévues, les modalités « d'aide individuelle » mises en place à la rentrée 2008, Monsieur Refalo est visé par des sanctions nettement disproportionnées.
En effet, ce professeur n'a nullement été absent à son service, mais a remplacé « l'aide individuelle » comme définie par les textes par une activité culturelle.
Monsieur Refalo constate en effet, comme énormément de professeurs et de parents, les dysfonctionnements de ces modalités « d'aide individuelle », plus stigmatisantes et productrices d'isolement pour les élèves concernés que véritablement efficaces.
Cela lui vaut pourtant une sanction financière équivalente à deux jours de salaire par semaine, ce qui apparaît clairement comme une mesure destinée à dissuader d'autres initiatives de ce type.
Cette dureté disciplinaire s'avère contre-productive, puisque partout en France et notamment en Haute-Garonne, la démarche de Monsieur Refalo s'étend rapidement.
Des milliers de lettres de « désobéissance » ont été envoyées aux Rectorats et au Ministère.
L'Etat appliquera t-il une sanction similaire à tous ceux qui protestent ?
De plus en plus d'enseignants manifestent une dissidence, un refus d'obligation, un refus de cautionner et d'appliquer les réformes en cours qui peuvent mener à terme au démantèlement de l'école de la République.
Sur ces décisions politiques ils portent un regard critique qui peut les conduire à une désobéissance civique telle que l'a définie Henri David Thoreau aux Etats-Unis en 1848.
Si un mouvement de désobéissance peut se dessiner c'est que le discours gouvernemental sonne faux et affaiblit jour après jour le service de l'éducation nationale, le menant peu à peu à sa perte.
En vérité, à travers les réformes multiples en cours, les enseignants ne retrouvent pas le cœur des valeurs qui ont motivé leur engagement professionnel.
Ils constatent que l'Education Nationale est le champ d'expérimentation privilégié de la réduction des ambitions de l'Etat.
La suppression systématique d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est appliqué le plus durement dans leur secteur, de manière arithmétique, tandis que les lieux communs simplistes de la propagande gouvernementale sur « le retour de l'enseignant au travail », la « fin du laxisme éducatif », la dénonciation de la réflexion pédagogique, l' « éradication du legs de mai 68 » tiennent lieu de fausses motivations du projet ministériel.
L'amertume des enseignants a été attisée en révolte par des provocations directes. Le meilleur exemple en est la phrase très explicite du Président de la République, tenue dans un meeting partisan : « désormais en France, quand il y a des manifestations, personne ne s'en aperçoit ».
Ils ont été meurtris par les discours du Président de la République notamment au Latran et à Riyad, je cite : « dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage entre le bien et le mal l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. »
Ces propos sont anti-laïques et montrent un réel mépris envers les professeurs des écoles de la République.
La mise en place au canon du service minimum dans les écoles est aussi un signe du refus de concertation avec les enseignants, accusés de prendre en « otage » les familles, plutôt que les encourager et les conforter dans leur rôle éducatif.
Comment, dans ce contexte, ne pas comprendre que se multiplient des initiatives de désobéissance, la notion de dialogue social étant cyniquement écartée ?
De la suppression des RASED à la mise en place d'un fichier Base Elèves très contestable, de la brutale organisation d'évaluations en cours de classe de CM2 à la tentation de supprimer en tant que telle l'école maternelle, jusqu'à à la disparition des IUFM… les projets de réformes s'enchaînent : toujours plus contraignantes pour les enseignants, toujours restrictives en termes de moyens, toujours plus inspirées par une obsession du « dépistage précoce » comme pièce maîtresse d'une politique sécuritaire minimisant, éradiquant les exigences éducatives.
A travers les « nuits des écoles », qui ont vu les parents d'élèves, en particulier dans les communes de notre département, occuper de nombreux établissements, on voit que la régression liée à ces initiatives ministérielles sont profondément ressenties par la population.
L'instauration sans concertation d'une réforme qui affaiblit l'école, la multiplication des sanctions, les tentatives de division professeurs et parents, nourrissent la volonté de résistance de tous les acteurs. Elle s'exprime de plus en plus massivement : de la maternelle à l'Université.
C'est pourquoi l'Assemblée Départementale demande au gouvernement de décider le plus rapidement possible de mesures d'apaisement, en levant les sanctions en cours contre les enseignants, et en reprenant le dialogue social, sur l'ensemble du champ des réformes qu'il est en train de déployer dans le domaine éducatif préfigurant le démantèlement de l'Education Nationale.
Le Conseil Général réitère sa demande de voir l'Education Nationale conserver ses moyens humains et matériels, au service d'une mission première pour l'avenir de notre pays et de la République.