Résister sans nous renier, par Alain Refalo

L'école de la République est en danger. Jamais un gouvernement n'avait osé porter des coups aussi sévères contre elle au point de l'ébranler dans ses fondements. A travers l'école que l'on déconstruit, c'est toute la société qui est menacée de délitement. C'est pour cela qu'en tant qu'enseignant soucieux de contribuer à l'éveil d'esprits libres et responsables, je ne peux qu'être en phase avec la démarche de l'Appel des appels qui vise à rassembler les forces citoyennes qui incarnent les valeurs de la solidarité et de la justice sociale. A l'heure où les libertés publiques sont menacées, un contre-pouvoir citoyen organisé est plus que jamais nécessaire pour défendre et promouvoir une certaine idée de la démocratie. 

 

Face à ce gouvernement qui a délibérément choisi l'intimidation et la répression et qui attise les peurs pour étouffer toute velléité de résistance sociale d'envergure, notre responsabilité est de ne pas tomber dans le piège de la violence qu'il nous tend. Nous avons un devoir urgent de repenser à nouveaux frais nos modes d'action. Le principe de Gandhi qui énonce que la fin est dans les moyens comme l'arbre dans la semence est plus que jamais d'actualité. Seuls des moyens justes, c'est-à-dire non-violents, pourront servir notre juste cause. Face à la violence des situations d'injustice que la politique de ce gouvernement génère, nous devons porter l'exigence d'une révolte éthique et politique qui refuse toute légitimité à la violence. Comme l'écrivait si bien le grand Albert Camus, « il s'agit de servir la dignité de l'homme par des moyens qui restent dignes au milieu d'une histoire qui ne l'est pas. » Notre responsabilité est désormais de résister à la violence du pouvoir sans nous renier et, sans attendre le grand soir, d'exercer le « pouvoir des sans pouvoirs ».

 

Nous avons donc besoin d'une radicalité constructive qui réconcilie la morale de conviction et la morale de responsabilité. C'est pourquoi cette insurrection civile que nous appelons de nos vœux devra conjuguer indissociablement un programme de non-coopération qui s'oppose aux lois et aux institutions qui cautionnent les injustices et un programme constructif qui propose des solutions et met en œuvre, ici et maintenant, des alternatives économiques, sociales, éducatives et politiques. La désobéissance civile, en tant qu'action collective non-violente et force de pression sur le pouvoir, est aujourd'hui possible. Associations, réseaux citoyens, syndicats, partis politiques, nous avons un devoir d'unité et d'efficacité dans ce combat. A l'idéologie du libéralisme économique qui broie les êtres humains, opposons la force tranquille, mais déterminée du peuple souverain qui refuse, debout,  la « servitude volontaire ».

 

Alain Refalo est professeur des écoles en Haute-Garonne. Enseignant désobéisseur aux réformes de Xavier Darcos, il est sanctionné d'un retrait de 2 jours de salaire par semaine depuis le 5 janvier.



01/02/2009
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